NOTES
Pour La Sauvage apprivoisée, Hugo interprête librement la note initiale de François-Victor Hugo à cette pièce (tome VI Les Comédies de l'amour, p. 455 et suiv.). Le titre complet sous lequel la pièce est publiée en 1594 indique qu'elle a été jouée « diverses fois par les serviteurs du très honorable comte de Pembroke », ce qui n'implique pas qu'elle ait été jouée l'année précédente. Le registre du chef de troupe et acteur Henslowe mentionne une représentation en juin 1594, donnée au théâtre de Newington Butts.
Pour La Douzième Nuit, l'Introduction de François-Victor Hugo indique « Ce que vous voudrez, joué le 2 février 1602, à une représentation d'amateurs, par les étudiants de Middle-Temple, était évidemment écrit... » (t. XIV Les Farces, p. 63.)
Pour la représentation d'Othello à Harefield, en présence de la reine, Hugo escamote toute la page de l'Introduction de son fils au volume V Les Jaloux II (p. 49) qui en fait le récit: « [...] la comtesse de Derby eut l'idée magnifique de donner à la reine une fête qui rappellerait les merveilles de Kenilworth. Elle avait, à quelques milles de Londres, pres d'Uxbridge, un manoir féodal récemment acheté à la noble famile de Newdegate, qui, pour être moins fort et moins crénelé que le château de Leicester, n'en était pas moins beau. Ce fut dans ce manoir, placé au milieu de la plus riante nature, sur une éminence qui domine le cours d'une rivière, que la comtesse offrit à la reine sa splendide hospitalité. La reine accepta l'invitation et accorda pour trois jours son auguste désoeuvrement. Le vendredi 28 juillet, elle partit du palais de Greenwich, se dirigeant sur Lambeth, qui la salua au passage de tous les carillons de ses églises, puis traversa la Tamise et atteignit Chiswich, où elle coucha. Le lendemain, elle se remit en marche, et, après avoir fait une halte à Harlington, arriva vers le crépuscule devant le manoir de Harefield, où la comtesse de Derby l'attendait.
Élisabeth s'arrêta un instant à la grille du parc pour
écouter une scène de comédie, assez peu comique, où
étaient censés figurer un procureur et une laitière, longea
la grande avenue, et enfin descendit de cheval
devant le perron du château. Au haut de ce perron, une
estrade avait été préparée pour elle. La reine s'assit là
sur un trône et fut obligée d'écouter un petit dialogue
de circonstance que récitèrent devant elle deux personnages
allégoriques, le Lieu et le Temps: l'un, vêtu
d'une houppelande à carreaux, représentait une maison
en briques; l'autre, affublé d'une perruque jaune et d'une robe verte. Le Lieu demandait au temps pourquoi
son sablier était arrêté et pourquoi lui-même ne bougeait
pas. Le Temps répondait qu'il avait interrompu sa marche pour recevoir la merveille du jour et engageait
son camarade, le Lieu, à se joindre à lui pour la fêter,
si toutefois il n'était pas trop petit. - Trop petit! répliquait
le Lieu avec fierté, n'ai-je pas reçu tout à l'heure
le soleil qui vient de descendre là-bas derrière l'horizon?
Celui chez qui s'est arrêté Apollo en personne est-il donc
indigne de recevoir Cinthia elle-même?- Ce compliment,
où la reine septuagénaire était comparée à Diane,
dut paraître d'un goût plus que douteux à Éiisabeth elle-même.
Heureusement, en compensation de toutes ces
misères, lady Derby tenait en réserve pour son illustre
hôtesse un régal exquis, une incomparable surprise, la
representation d'une pièce nouvelle par la troupe de
milord Chambellan.
Cette pièce était de maitre William Shakespeare et
s'appelait Othello, le More de Venise.
Un théâtre avait été improvisé dans la plus vaste salle
du château. Au fond, les coulisses et la scène dissimulées
par un rideau; sur le devant, un fauteuil pour Sa
Majesté et des tabourets pour les femmes de la cour, puis
des banquettes pour la foule des seigneurs et des gentilshommes.
Ici les acteurs, couverts de fard, costumés d'oripeaux,
chamarrés de clinquant, jouant leur comédie et
méprisés pour cela. Là les courtisans, couverts de fard
aussi, costumés d'oripeaux aussi, chamarrés de clinquant
aussi, jouant leur comédie aussi et honorés pour cela. - La chronique ne sait pas quels furent les spectateurs
privilegiés qui, au mois de juillet 1602, assistèrent à la représentation d'Othello. Mais un hasard a fait
retrouver récemment, dans un manuscrit conservé à
Bridgewater-House, les noms des heureuses qui furent invitées aux fêtes de Harefield ...[suit toute la liste]. »